Parfois, lorsque je demande à un travailleur solo s’il lui arrive de souffrir d’isolement, il me retourne un air surpris où je semble dénoter une pointe de mépris. C’est comme si je l’accusais d’une certaine faiblesse ou d’un manque de sociabilité. « Je ne vis pas d’isolement! » me réplique-t-on souvent, presque choqué.
Pourtant, dans le contexte d’entrepreneuriat en solo, le terme « isolement » ne signifie pas « solitude » mais plutôt « écart de réalité ». C’est le manque de repères et la difficulté à se situer ou se positionner dans l’écosystème professionnel où on évolue. Et pour un travailleur autonome, il n’y a rien de plus approprié comme terme, vu son état de travail en quasi-vase clos.
Si vous ne côtoyez pas de gens qui partagent votre réalité d’affaires sur une base régulière, vous n’êtes bientôt plus en mesure de savoir où se trouve votre place sur ce grand échiquier.
- Vos honoraires sont-ils trop élevés ou pas assez?
- Êtes-vous efficace dans votre gestion du temps?
- Comment conciliez-vous votre relation travail-famille-loisirs?
- Est-il normal de travailler soixante heures par semaine?
- Vos revenus sont-ils adéquats pour le temps investi dans votre entreprise?
- Êtes-vous en croissance ou en déclin?
- Les problèmes rencontrés quotidiennement sont-ils normaux après trois années en affaires?
- Quel respect avez-vous de la part de vos clients?
- Vos connaissances sont-elles adéquates?
- Pourriez-vous ou devriez-vous améliorer votre rendement?
- Comment se fait-il que vos comptes à recevoir soient si élevés?
- Pourquoi votre marge de crédit est-elle toujours dans le plafond?
- Pourquoi le téléphone ne sonne-t-il pas?
- Les gens comprennent-ils ce que vous faites?
Sans référence externe ni comparatifs pour comprendre et recadrer ce que vous vivez au quotidien, votre réalité devient vite un étau dans lequel vous êtes pris.
Dans une entreprise de plus grande envergure, l’isolement est brisé « à l’interne ». Les tâches sont définies d’avance et les horaires de travail fixés par la direction. Les employés assistent à des réunions de mise au point, échangent et partagent sur les problématiques et défis de l’entreprise, collaborent à l’ébauche de solutions et à l’élaboration de nouveaux projets.
Pour sa part, le Solo n’a pas toujours accès à ce type de réseau pouvant lui servir de miroir et de baromètre. Mais ses besoins de validation n’en sont pas moins présents. Il doit pouvoir se situer par rapport à son marché et au contexte où il évolue pour pouvoir s’épanouir, survivre et croître.
Voilà pourquoi certaines associations et certains organismes (comme Espace SOLO) se sont donné comme mission d’aider les Solopreneurs à se munir d’un tel réseau de soutien, en organisant des activités ou des rencontres où ils peuvent échanger avec d’autres personnes vivant la même réalité d’affaires.
Ainsi, en vous joignant à de tels groupes et en vous y impliquant activement, vous trouverez non seulement des partenaires et des collaborateurs, mais vous rencontrez des gens qui vous aideront à demeurer objectif face aux défis très spéciaux du travail autonome.
Vous tournez en rond depuis quelques jours face à une décision difficile? Décrochez le téléphone et convoquez vos collaborateurs à une petite rencontre de remue-méninges d’affaires. Vous vous en sentirez tous revigorés, prêts à relever de nouveaux défis et forts de l’appui de votre réseau.
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Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.