Cela fait près d’un an qu’un article qui m’agace demeure ouvert sous l’un des onglets de mon navigateur. Petit texte d’à peine 3 minutes à lire, mais si lourd de conséquences qu’il m’a laissé sans voix… jusqu’à ce matin. En fait, c’est un exemple flagrant du mur auquel les solos se frappent en continu.
Sous une plume qui se veut pédagogue, l’auteur réfère à un échange où il donne ses définitions de ce que sont un entrepreneur et un travailleur autonome et comment ils diffèrent. Je vous cite sa conclusion : « En résumé, un entrepreneur évolue tandis qu’un travailleur autonome stagne. »
Cet article met en lumière la triste perception réductrice que se font beaucoup d’organismes et de gestionnaires à propos des travailleurs autonomes. C’est le problème bien réel que CAUSE cette perception dans l’esprit des autonomes qu’Espace SOLO tente d’adresser dans son parcours. Le syndrome d’imposteur des solos, c’est d’abord ce jugement externe d’être de « faux entrepreneurs » qu’ils subissent à chaque activité de réseautage où ils côtoient de ces personnes qui les toisent avec pitié (et souvent avec condescendance). C’est pourquoi ils délaissent les grandes associations vouées aux PME et aux grandes entreprises pour réseauter entre eux, dans de plus petits réseaux où ils se sentent respectés.
Les organismes qui ont compris cela et considèrent désormais les autonomes comme de réels entrepreneurs à valoriser et à accompagner (pas juste les contenter pour les faire taire et empocher leur cotisation) sont celles qui pourront le mieux tirer leur épingle du jeu. Parce qu’en temps de crise, alors que plusieurs entreprises traditionnelles font faillite ou font du délestage de main d’oeuvre, les micro-entreprises et les autonomes démontrent toute leur résilience. L’incertitude, c’est leur quotidien. 😊
Et sans vouloir jouer les devins, je crois que plusieurs employés hautement qualifiés qui se sont fait larguer par leur employeur ou qui auront goûté aux plaisirs du télétravail durant la crise sanitaire de 2020, envisageront sérieusement l’entrepreneuriat solo comme future option de carrière. Les solos sont là pour rester et de plus en plus nombreux. De 255,500 en 1976, leur nombre a plus que doublé pour atteindre 567,900 en 2019 (13 % de la population du Québec).
Permettez-moi donc de confirmer haut et fort que le travail autonome représente un important segment de la force active de l’entrepreneuriat québécois et une merveilleuse façon de s’épanouir et de se réaliser professionnellement. C’est un choix entrepreneurial tout aussi valide que celui de créer une entreprise de grande taille et il est incroyablement réducteur de mesurer l’impact social que peut avoir une seule personne en fonction de la taille de son entreprise.
Quant à l’opinion dont se fait l’auteur de cet article des travailleurs autonomes, il n’a de toute évidence pas rencontré les bonnes personnes. Il aurait vite compris que l’esprit entrepreneurial n’est pas question de taille, mais bien d’attitude.
En terminant, je tiens à remercier les organismes qui ont compris la valeur du choix entrepreneurial solo et qui mettent en place des programmes et autres parcours (comme Espace SOLO) pour épauler leur clientèle. Il y a de l’espoir!
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Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.