Je me souviens, toute jeune, combien j’étais impressionnée par la taille du trousseau de clés du concierge de mon école. Parfois, il y avait même plusieurs gros trousseaux qui pendaient à sa ceinture. Il devait être *vraiment* important pour qu’on lui confie autant de clés. Après tout, chacune représentait un signe de confiance et surtout, une responsabilité. Mais ça, je ne le comprenais pas encore.
Ce n’est que récemment, en saisissant mon propre trousseau de clés maintenant allégé que je me suis souvenue du poids (physique et psychologique) qu’il a déjà représenté. À son plus gros, il comprenait tant de clés que j’avais dû, comme le concierge de mes souvenirs, le scinder en deux et même en trois.
Le moins important restait pendu au crochet d’entrée et comprenait les clés pour le cabanon, le cadenas de la clôture arrière et celui de mon vélo, pour le boîtier du système d’alarme et le chasse-neige, en plus de 2 ou 3 autres dont j’avais oublié la provenance, mais dont je n’osais me débarrasser par précaution (vous savez ce que c’est… suffit de s’en défaire pour qu’on en ait besoin le lendemain).
Il y avait aussi le trousseau secondaire, gardé au fond de mon sac à main, et qui contenait le double de mes clés de voiture (pratique si on s’embarre à l’extérieur… bin oui), celle de mon coffret de sûreté et une autre pour mon petit coffre-fort (vide) de maison.
Finalement, le trousseau principal qui accueillait les clés pour la voiture, celles de la maison (incluant la porte moustiquaire qui n’est jamais barrée, mais juste au cas…), les 4 ou 5 clés du bureau où je travaillais (portes, classeurs, tiroirs, etc.) et celles de la maison de ma mère.
Quoique je fasse et où que j’aille le trousseau principal pesait en permanence au fonds d’une poche de manteau ou de veston et donnait toujours à mes vêtements un petit air bancal, alors que le trousseau secondaire rebondissait au fond mon sac à main et faisait du bruit quand je le déposais. Dans mes pires cauchemars, je perdais mes clés!
Au fil des ans, je me suis délestée de quantité de responsabilités et mon trousseau s’est miraculeusement allégé. J’ai quitté mon emploi pour devenir entrepreneur solo, j’ai troqué ma maison pour un appartement, ma mère est décédée et sa maison vendue, j’ai fermé mon coffret de sûreté inutile, etc.
Aujourd’hui, j’ai 4 clés en tout (porte, casier postal, cabanon et voiture). Curieusement, quand je saisis mon trousseau, je suis toujours étonnée par sa légèreté et, pour une fraction de seconde, un éclair d’anxiété me frôle quand mon esprit se demande où se trouve le reste.
Pour ma part, c’est seulement quand j’ai allégé mon trousseau que j’ai pris conscience du poids de ma responsabilité, alors qu’à une autre étape de ma vie, sa taille représentait plus un badge de confiance dont j’étais fière.
Chaque clé de notre trousseau représente un signe de confiance. Elle représente également une responsabilité. Combien de clés comporte votre trousseau? Le portez vous avec fierté ou est-il temps de vous alléger?
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.