Pendant longtemps, j’ai pensé qu’on ne perdait rien à demander. Et dans l’ensemble, je demeure plutôt d’accord avec les principes du Demandez et vous recevrez, du partage du savoir et des richesses. Toutefois, j’ai souvent eu à répondre à des demandes qui m’ont littéralement estomaquée par leur sans gêne au point où l’opinion que j’en avais sur le demandeur en fut entachée.
Si votre demande risque de susciter une réflexion du genre « À quoi a-t-il bien pu penser de me demander quelque chose comme ça? », c’est généralement mauvais signe pour vous et c’est votre propre image qui risque de souffrir de ce manque de perspicacité.
En effet, la nature de nos demandes nous trahit et dévoile des traits profonds de notre caractère…
Le paresseux : C’est celui qui demande de l’information qu’il lui aurait été facile de trouver par lui-même. Lorsque l’on fait une demande à quelqu’un, il semble que la moindre des choses est d’avoir au moins *essayé* de trouver la réponse par soi-même auparavant, et non de simplement se servir de la mémoire des autres comme si c’était un disque dur auquel nous pouvions avoir accès sur demande.
L’intéressé : C’est celui qui demande une faveur pour un tiers. Ceci lui permettra de gagner de la notoriété ou de gagner des points auprès d’une personne que vous ne connaissez même pas. Lorsque l’on demande un service à quelqu’un, il est important de le faire pour soi-même (c.-à-d. au premier degré). Demander un service pour un tiers, c’est un peu comme se débarrasser d’un problème sur le dos d’un autre et retirer soi-même la gloire d’avoir trouvé la solution.
Le désordonné : C’est celui qui revient constamment avec des demandes auxquelles il saurait facilement la réponse s’il prenait le temps de prendre des notes, de classer ses dossiers, d’inscrire les rendez-vous à son agenda ou les choses à faire au calendrier. Il est normal d’oublier ou même de perdre quelque chose de temps à autre et il ne faut pas en faire une crise d’urticaire quand cela se produit. Mais si on doit faire des demandes à répétition, c’est signe d’un manque d’organisation que vos contacts remarqueront avant longtemps.
Le sans-gêne : Je ne vous cacherai pas que je peine à déterminer le terme exact (et poli) à appliquer pour ce type de demandeur. J’hésite entre irrespectueux, insultant, inconséquent, impoli ou même outrageant… Bref, c’est celui qui réussit à faire bouillir votre sang. Nous en connaissons tous au moins un. C’est celui qui, dès qu’il aura développé un certain rapport amical avec quelqu’un, se croit en droit de tout lui demander. En fait, il en vient à demander des choses tellement incroyables, hors de proportion (ou même de contexte), que vous n’arrivez pas à comprendre comment il a même pu considérer que vous accepteriez. Des demandes qui font fi de la valeur de votre travail, de votre intégrité ou de vos valeurs personnelles, comme faire un prix d’ami (surtout quand ça n’est pas un ami mais un simple contact d’affaires), travailler bénévolement alors qu’aucune charité n’est de mise, faire une transaction ou une intervention malhonnête, mentir, espionner, tricher, etc.
Oui, les demandes ont leur place dans un milieu d’affaires et je les encouragerai toujours, surtout dans un contexte de travail autonome où il faut apprendre à demander (et à donner). Toutefois, avant de faire une demande à un bon contact, prenons toujours le temps de nous demander :
- si nous pouvons trouver l’information par nous-même; (le paresseux)
- si nous nous délestons d’un problème sur le dos d’un autre; (l’intéressé)
- si nous ne gagnerions pas à avoir plus d’ordre dans nos affaires; (le désordonné)
- si notre demande respecte celui ou celle à qui nous la faisons; (le sans-gêne)
et demandons gaiement!
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.