Quelle différence y a-t-il entre faire une présentation devant un mur et la faire devant public? Aucune! La présentation est la même et vous la livrez librement dans les deux cas. Et pourtant… Il suffit simplement d’y penser pour que vos mains deviennent moites et qu’une boule se pointe au creux de votre estomac.
Vous me direz : « C’est pourtant simple, je ne suis pas un orateur né. Voilà! » Ha! Bien sûr! Vous n’êtes pas confortable dans ce rôle. C’est bien logique.
Dites bonjour au fameux « syndrome de l’imposteur » dont se plaignent continuellement les entrepreneurs : la dualité entre être soi-même et habiter en même temps des bottines qui ne sont pas les siennes.
Il se manifeste de façon marquée quand on a l’impression de ne pas être à la hauteur d’une tâche ou de jouer un rôle qui nous est étranger, généralement dans un contexte public ou au sein d’un groupe de pairs dont l’opinion compte beaucoup à nos yeux. Accompagné d’une peur intense d’être « démasqué » à tout moment, il diminue l’efficacité de nos échanges et peut même nous amener à éviter des activités qui sont vitales à la survie de notre entreprise : rencontres d’affaires, réseautage, formations, démarchage, etc.
Mais se pourrait-il que ce nœud dans l’estomac représente autre chose de tout à fait logique dans les circonstances?
LES MOTS EN « i »
Peut-être êtes-vous…
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Ou vous sentez-vous…
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Une fois votre inconfort bien identifié, vous pourrez appliquer les mesures adéquates pour valider vos impressions, vous rassurer et vous convaincre d’aller de l’avant avec confiance.
POURQUOI SALUTAIRE?
Vous cherchez toujours le lien avec le titre de cet article? Merci d’être attentif. 🙂
Que ce soit le syndrome de l’imposteur ou n’importe lequel des « mots en i » du tableau ci-dessus, chacun de ces sentiments d’inconfort ont ceci en commun : ils appellent à l’humilité et nous confrontent à ce que nous ne savons pas. Ils nous rappellent que nous avons tout intérêt à faire preuve de retenue dans nos affirmations et à rester vigilants et respectueux envers les autres, simplement parce que nous ignorons qui ils sont, ce qu’ils savent et les opportunités auxquelles ils peuvent nous faire accéder, tant par leur expérience et leurs contacts que par leur statut social dans les cercles où nous évoluons.
Mais voilà, l’humilité en prend pour son rhume depuis quelques années. Le prétexte de la confiance en soi prend toute la place et nous fait croire que pour être pris au sérieux, il faut s’affirmer, ne jamais douter et se faire valoir haut et fort.
QUAND EST-ON VRAIMENT UN IMPOSTEUR?
« Fake it til you make it. » disent les anglais; « Fais semblant jusqu’à ce que tu y parviennes. » Quantité d’entrepreneurs ont fait de cette phrase leur devise. C’est à ce moment précis où la réelle imposture prend forme : quand on sait pertinemment qu’on n’a ni les compétences, ni les connaissances pour affirmer / faire / promettre quelque chose et qu’on s’exécute malgré tout.
Ainsi, si vous ressentez un petit inconfort quand vous faites une affirmation ou une promesse, prenez le temps de correctement identifier votre sentiment et de valider si cette impression est correcte. Maîtrisez-vous les compétences requises pour faire cette promesse? Détenez-vous vraiment ce diplôme que vous affichez sur votre profil? Cette anecdote que vous racontez est-elle véridique? Avez-vous vraiment fait le chiffre d’affaires dont vous vous vantez? Si la réponse est non, vous êtes effectivement un imposteur.
Les réseaux sociaux regorgent de nouveaux entrepreneurs qui affichent l’assurance de ceux qui savent. Avec une conviction surprenante, ils affirment comprendre et détenir la clé du succès du haut de leurs deux ans d’expérience, pendant que les réels experts les regardent s’agiter, sourire en coin, et déplorent les dommages collatéraux bien réels causés par toute cette vantardise sans fondements. Car si la confiance en soi est une qualité louable qui permet d’accomplir de grandes choses, elle ne remplace pas l’expérience réelle et doit savoir être réaliste et ne pas sauter d’étapes.
Si vous êtes simplement inconfortable dans ce nouveau rôle d’entrepreneur mais connaissez bien votre domaine d’expertise et possédez toutes les compétences qu’il requiert, ignorez cette gêne passagère et avancez vers votre succès. Vous n’êtes pas un imposteur, vous êtes simplement inconfortable et c’est tout à fait normal et justifié.
Bref, réjouissez-vous lorsque le syndrome de l’imposteur vous rend visite, car il vient simplement vous rappeler que vous êtes en territoire étranger et que vous avez tout avantage à faire preuve d’humilité et de retenue. Gratuit (pour vrai!) et subtil (personne d’autre que vous ne sentez sa présence), c’est le garde-fou personnel le plus efficace que je connaisse contre les erreurs de débutants et les dérapes de vantardise. Sachez l’apprécier à sa juste valeur.
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.