Des monstres dans l’armoire

« Il faut que je travaille sur ma business ! »

C’est une phrase qu’on entend souvent de la bouche des Solopreneurs. Quand on leur demande de préciser leur pensée, les réponses pointent généralement vers un sentiment similaire : l’impression d’avoir dévié de leur trajectoire.

Alors qu’au départ, l’itinéraire et les buts qu’ils s’étaient fixés était clairs, leur attention a été lentement érodée et détournée à leur insu, et ils se sont égarés quelque part le long du parcours.

On ne parle pas ici des nombreux aléas de la vie sur lesquels on n’a aucun contrôle, mais plutôt de gestes posés, de choix faits et de décisions prises délibérément et de bonne foi, qui les ont éloignés de leurs objectifs plutôt que de les en rapprocher.

Ce constat s’impose à eux lorsque l’énergie décline, que les ressources viennent à manquer et que les résultats de tous leurs efforts ne sont pas au rendez-vous. Cul-de-sac en vue.

L’aventure entrepreneuriale

(Les petits caractères…)

Se lancer comme Solopreneur, c’est un peu comme ouvrir une armoire pleine à craquer d’un fouillis entassé pêle-mêle. Tout se met à nous débouler dessus et impossible de refermer les portes et de faire comme si on n’avait rien vu. Le dégât est à nos pieds.

Alors que l’objectif initial du projet d’affaires était de s’épanouir en faisant briller nos compétences et nos talents dans un domaine d’activité que l’on maîtrise bien, on réalise brutalement une fois dedans, que les « tâches connexes » liées à l’entrepreneuriat lui-même sont pour la plupart dans le domaine de l’inconnu :

• Développement d’affaires (stratégies, partenariats, collaborations, contacts)
• Veille stratégique (rester à l’affût de ce qui se fait dans son marché)
• Prospection et ventes (démarchage, appels, réseautage, relances et suivis)
• Tâches comptables (tenue de livres, facturation, perception, TPS/TVQ, rapports)
• Promotion (marketing, image, logo, publicité, réseaux sociaux)
• Gestion (organisation du temps, des sous-traitants, des échéanciers, de l’agenda)
• Communications (rédaction, traduction, révision, stories)
• Technologies (site Web, courriels, logiciels, outils, applis)
• etc.

Bienvenue dans le labyrinthe

Voyant toutes les compétences qui nous font défaut, on se lance tête baissée dans quantité d’activités, d’ateliers et de formations pour combler le fossé, avant que quiconque ne réalise (oh honte !) qu’on est un imposteur de la pire espèce et qu’on n’est pas un « vrai » entrepreneur. Ça tombe bien, se dit-on, on adore apprendre et la motivation est au rendez-vous. C’est l’entrée du labyrinthe !

La route claire et bien balisée du départ se fractionne alors en multiples ruelles et allées sombres, où quelqu’un sera toujours présent à un prochain carrefour pour nous confirmer qu’il nous manque effectivement quelque chose d’autre et qu’il en vend, justement, non mais quelle aubaine…

Après quelque temps de cette course folle à vouloir combler un trou sans fonds imaginaire, on a toujours l’agaçante impression qu’il y a quelque chose de plus qu’on devrait maîtriser.

Le sentiment de faire fausse route s’amplifie quand on réalise que notre projet entrepreneurial si excitant est devenu une roue où nous nous essoufflons comme un hamster. Le doute s’installe.

Travailler sur sa business

Quelque part entre l’action et l’acquisition de savoir-faire, on a négligé l’élément crucial qui fait toute la différence (et dont personne ne parle jamais) : la réflexion !  Ce petit bout de savoir-être qui nous aide justement à faire de meilleurs choix, à poser les bon gestes et à prendre de meilleures décisions.

On a fait un plan d’affaires, lu des livres et des blogues, écouté des podcasts, visionné des capsules, suivi des ateliers, parcours et autres formations… On a réseauté, gazouillé, affiché des stories et fait du storytelling, rédigé des articles, pris des selfies et publié des tranches de vie authentiques.

Et aujourd’hui, on se dit « Il faut VRAIMENT que je travaille sur ma business ! », comme si on sortait d’une longue absence, prêt à repartir tête baissée dans l’action, alors que la sauce secrète qui mène vers la confiance se trouve juste-là, à nos pieds.

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