Avez-vous remarqué combien il est facile pour les personnes dans la soixantaine de se souvenir et de fredonner les « jingles » des commerciaux télévisés des années ’60? C’est simplement parce que ce média était alors nouveau et que les commerciaux du temps étaient rares.
En ce temps, une émission télévisée type d’une heure pouvait durer 51 minutes (excluant les commerciaux) alors qu’aujourd’hui elle n’en dure qu’à peine 40, les commerciaux et autres annonces volant plus de 20 minutes de programmation. Considérant qu’un commercial dure en moyenne 30 secondes et que 3 ou 4 commerciaux sont souvent groupés par segment, c’est donc une interruption à presque toutes les trois ou quatre minutes! Et on ne parle pas ici des heures de grande écoute où il y a un commercial aux deux minutes.
Alors qu’avant, un commercial était presque considéré comme faisant partie intégrante de notre expérience télévisuelle, on met maintenant le son en sourdine ou on zappe les autres chaînes pendant les commerciaux. Même chose pour la radio dont on baisse le volume durant les pubs et les panneaux publicitaires qui bordent les routes et que l’on ne remarque même plus.
J’utilise souvent cet exemple quand on me demande d’expliquer pourquoi il est de plus en plus difficile de se distinguer (sur Internet entre autres), en comparaison à il y a une quinzaine ou une vingtaine d’années.
La vérité, c’est qu’il est plus facile d’attirer l’attention quand un nouveau média publicitaire fait son apparition car, comme tous les autres médias l’ayant précédé, il perd de son efficacité à mesure que sa popularité grandit. Il devient surpeuplé, bruyant et… ignoré… Voilà pourquoi le milieu publicitaire et des communications doit sans cesse se réinventer pour attirer notre attention et nous convertir en clients, en adeptes ou en apôtres.
Les pionniers prennent tous les risques
mais raflent tout si ça décolle !
Êtes-vous l’un de ceux qui se réveillent la nuit pour pester de ne pas avoir investi dans Apple ou Google quand leurs actions étaient encore abordables? Si oui, les chances sont que votre tolérance au risque d’alors n’était pas très élevée. Mais est-elle plus élevée maintenant?
C’est que, un peu comme l’adage qui dit que l’avenir est à ceux qui se lèvent tôt, il faut comprendre que les lève-tôt se heurtent probablement les orteils dans le noir plus souvent que vous et moi. Et il en est de même pour plusieurs secteurs, dont les technologies Internet. C’est notre tolérance au risque et la solidité de nos reins qui décident souvent des résultats de nos efforts.
Beaucoup de pionniers des technologies se sont cassé les dents à tester de nouveaux concepts, tandis que nous regardions la parade sur la ligne de côté. D’autres ont risqué leur chemise et on eu la chance de voir leurs efforts couronnés de succès. Le média était novateur, l’intérêt plus facile à gagner, l’attention plus facile à capter et donc le message plus facile à passer. Aux premiers, nous devons donc beaucoup, car leurs échecs ont pavé la route à plusieurs de nos succès et nous ont préservé des écueils. Aux seconds, le respect d’avoir pris les risques qui ont prouvé des concepts gagnants.
Maintenant, ceux qui ont adopté Internet « sur le tard » et veulent leur part du gâteau, doivent accepter que le gâteau est déjà bien entamé et qu’il faudra redoubler de prouesses et d’originalité pour percer à travers le bruit existant; jusqu’à ce qu’une autre idée novatrice se présente, j’imagine.
Il faudra alors évaluer où se situe notre tolérance au risque et décider lucidement si on a les reins assez solides, cette fois-ci, pour devenir un pionniers et en assumer les implications.
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.