Un jour, une jeune entrepreneur me partageait certaines de ses réflexions concernant son désir d’aller plus vite et de passer à une étape plus importante. Les questionnements et frustrations étaient très présents dans son discours. Mais ce que j’y ai surtout décelé, c’était l’émotivité. Ce qui suit est ma propre réponse à son partage.
Personnellement, je lis beaucoup (mais alors là vraiment beaucoup) d’émotivité dans ton texte. Et mes nombreuses années en entrepreneuriat m’ont appris qu’un entrepreneur ne peut pas se permettre d’être émotif quand vient le temps de prendre des décisions et de gérer son entreprise ou ses relations interpersonnelles.
L’émotivité est souvent méprise pour de la passion, de l’excitation ou même de l’émotion. C’est pourtant très différent. La passion et l’excitation donnent un élan et sont porteuses d’énergie. L’émotion touche le coeur et la compassion. Ensemble, elles surmontent la peur.
Quant à elle, l’émotivité est un peu comme une sirène d’alarme qui hurle en permanence et nous empêche de se concentrer sur l’essentiel. Elle donne prise à la peur et au manque de confiance. Elle donne forme aux angoisses et paralyse les élans par des auto-analyses et des questionnements sans fin. Elle est la cause de bien des décisions erronées, prises sur un coup de tête ou un coup de… peur.
La peur dans tous ses états
Je vois l’émotivité comme un enfant qui a peur et dont les cris monopolisent l’énergie de tous ceux qui l’entourent. Au lieu de pouvoir jouer et aller de l’avant, ses semblables sont constamment occupés à le rassurer, à le cajoler, à le consoler. Facile de voir qu’avec un tel ronge-temps, rien ne peut avancer et on fait du sur-place.
Tous peuvent être sujets à des périodes d’émotivité, et je m’y frappe moi-même à l’occasion. Là où il y a danger, c’est quand on ne sait pas l’identifier; il est alors impossible de fermer la porte à cet intrus et de rajuster le tir correctement.
Heureusement, quand on est plus conscient et qu’on identifie que c’est bel et bien ce que l’on vit, on peut alors se ressaisir et retrouver notre objectivité (et notre énergie).
Et pour éloigner tout malentendu, l’émotivité n’est pas uniquement l’apanage des femmes. J’ai connu nombre d’hommes gérant leur entreprise par émotivité et les résultats sont toujours en dent de scie, tant au niveau des succès qu’à celui des relations professionnelles.
Une amie entrepreneure de longue date m’a dit à mes tout débuts : « Ton désir doit être plus grand que ta peur. » J’ai toujours chéri ce conseil et te le partage aujourd’hui.
Ne reste qu’à tenir l’émotivité en échec!
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.