Établir sa grille tarifaire a toujours été un énorme défi pour tout nouvel entrepreneur. On ne connaît pas trop le marché et on joue avec les chiffres. Le vaut-on vraiment? Et si c’était trop cher? Et si les concurrents chargent moins? Et si, et si, et si…
La plupart venant de quitter un environnement d’emploi salarié, un premier réflexe sera de prendre le tarif horaire du salaire précédemment gagné et d’y ajouter 10 $ ou 15 $ de plus l’heure, ou encore de prendre le salaire annuel convoité, le diviser par 52 (semaines) et ensuite par 40 (heures) pour établir le nouveau tarif horaire. Je vous arrête tout de suite, ce n’est pas ça du tout. 🙂
Quand on démarre une entreprise pour la première fois, le sentiment de vivre dans des bottines étrangères est omniprésent. On lui a même donné un nom : le syndrome de l’imposteur. Le nouvel entrepreneur doit soudainement porter tous les chapeaux et se familiariser avec de nombreuses tâches qui sont hors de sa zone de confort et de son champ d’expertise. Ceci l’amène à faire l’erreur la plus commune des nouveaux entrepreneurs : fixer ses tarifs en fonction de son inexpérience comme entrepreneur au lieu de les fixer en fonction de son expérience professionnelle réelle.
Parce que son inexpérience à titre de gestionnaire fera en sorte qu’un mandat lui prendra plus de temps que s’il avait fait le travail en situation d’emploi, il ajustera son tarif horaire à la baisse pour justifier cette perte de temps. Mais rien de tout ceci n’a vraiment de lien avec son expérience professionnelle!
Si vous être un nouvel entrepreneur et que vous peinez à établir votre grille tarifaire, comprenez que le prix doit refléter la qualité du service ou du produit offert et non votre expérience de gestionnaire (à moins évidemment que votre mandat soit d’être gestionnaire d’entreprise… on s’entend…).
Oui, au cours des premiers mois et possiblement des premières années, certaines tâches vous demanderont plus de temps à cause de votre inexpérience à titre de gestionnaire et je vous accorde que votre client n’a pas à en faire les frais. Mais baisser votre tarif n’est pas la bonne solution car vous transmettez alors à votre client le message que votre travail est de faible qualité. Établissez votre tarif en fonction de votre expérience professionnelle en la matière et contentez-vous d’absorber les heures perdues de votre côté.
Ainsi, si votre expérience et le marché dans lequel vous évoluez justifient un tarif de 125 $ l’heure pour la qualité de travail que vous produisez, pour l’amour, CHARGEZ 125 $ ! Par la suite, compilez CHAQUE PLAGE DE TEMPS consacrée à votre mandat et identifiez clairement où se situent les pertes de temps occasionnées par votre inexpérience en gestion de projet ou votre situation d’affaires. Ce sont ces pertes de temps qu’il ne faut pas facturer à votre client et assumer pleinement à titre de « rodage » personnel dans votre nouvelle réalité d’entrepreneur.
Votre client aura ainsi donc droit à un juste prix pour la qualité des services qu’il recevra et ne s’habituera pas à des tarifs qui amenuisent son appréciation de la qualité de votre travail. Vous éviterez également le désagrément d’avoir à drastiquement hausser vos tarifs lorsque vous aurez apprivoisé votre nouvel état et trouvé votre vitesse de croisière.
Plusieurs éléments doivent être considérés lors de l’établissement d’une grille tarifaire; l’expérience et la maîtrise des services offerts sont la base. Suivent quantité de variables telles l’offre et la demande, le profil de la clientèle visée, la santé du marché local ou international, la concurrence, la situation géographique, l’économie, les coûts d’exploitation, etc. À chacun de faire cet exercice. Mais pour l’amour, ne vous basez pas sur le prix des pommes pour fixer le prix des oranges.
(Une bonne ressource : Comment facturer mes services par Marc Chiasson et Marie Brouillet)
Passionnée d’entrepreneuriat, l’auteure accompagne les entrepreneurs dans leurs réflexions et leurs prises de décisions depuis 1997.
On la consulte pour mieux cerner ses options face à une situation difficile ou lorsqu’une décision importante exige une réponse alors que l’arbre semble cacher la forêt.